Brian Molko voit le jour en Belgique, le 10 Décembre 1972. Il a la double nationalité Anglaise et Américaine. Sa mère (Melle Farrel de son nom de jeune fille) est écossaise et catholique. Son père, banquier international, est Américain. Barry Molko, le frère de Brian, est de 10 ans son aîné.
Pour répondre aux rumeurs faisant de Molko un nom de scène (qui aurait été emprunté à une image du film A clockwork Orange (Orange Mécanique, ndlr) où ce mot serait écrit sur un mur), Brian explique que son nom lui vient de son grand père, juif français. Ce dernier aurait expliqué au futur leader de placebo que ce nom vient de Melek, qui signifie "reine" en Yiddish. De quoi plaire à le "Luxemburger Queen".
En effet, comme chacun sait, l'enfance de Brian a été partagée entre le Libéria, le Liban et le Luxembourg, ce qui fait de lui un jeune homme à l'aise avec la langue de
Shakespeare aussi bien qu'avec celle de Molière. La profession du patriarche Molko, en
plus de faire voyager son fils
Brian, lui offre une vie bourgeoise, aisée, qui déplaît fortement à Brian. Pour lui, une vie riche est synonyme de vie ennuyeuse.
Très jeune, il se passionne pour le théâtre, et s'isole ainsi des enfants de son âge qui préfèrent alors le sport (comme
Stefan). A 11 ans, la place de la future
rock star est déjà sur les planches, maquillé. C'est à 13 ans qu'il découvre les Dead Kennedys, Patty smith, The Fall et qu'il commence à fumer. Il perd sa virginité 1 an
plus tard.
Bien qu'il est joué du saxo à l'école et du piano dans sa tendre enfance, la véritable révélation musicale se fera à 16 ans, lorsque l'adolescent pénètre dans l'univers de Sonic Youth et se prend alors à aimer la beauté des dissonances. Sa 1ère guitare l'accompagne lorsqu'il quitte le Luxembourg ( où il était au collège avec
Stefan) pour rejoindre l'école d'art dramatique Goldsmith, à Londres. Pendant 5 années, les journées longues et moroses de l'Angleterre le poussent à s'enfermer dans sa chambre et à gratouiller sur sa guitare. Le choix de cet instrument révèle le caractère de ce personnage ("pour en jouer, je n'ai besoin de rien ni de personne; ni pour apprendre, ni pour composer").
C'est un matin que la vie de Brian bascule, lorsqu'il croise Stefan Olsdal, à la station de métro South Kensington, alors qu'il se rendait
à une exposition avec l'une de ses amies. Brian doit jouer acoustique dans le pub Round
The
Bend, à Deptford et y invite stefan. Ce dernier, conquit par la prestation de son ancien camarade de collège, lui propose une collaboration.
Pour Brian, c'est la fin de ses études et le début de l'aventure Placebo. Il en deviendra la figure emblématique.
Chanteur, guitariste, parolier, compositeur, il aime en vrac : Blondie, PJ Harvey, Janis
Joplin, Billie Hollyday, Dylan, Black Sabbath, The Animals (surtout la phrase principale de leur tube," Oh Lord ! Please don't let me be misunderstood " ), JL aubert, le chorizo, New York, les nuits nocturnes de
Chopin, l'énergie du punk (mais pas les idées), Jacques Brel et David Bowie ; cet être, à part qu'il considère comme un parrain, un oncle, un exemple.
Ce que l'on remarque en 1er chez Brian : son androgynie. Il cultive cette ambiguïté par son look (eye-liner, vernis à ongles et rouge à lèvres, tee
Shirts moulants, jupes, robes) par provoc,
certainement, mais aussi parce qu'il se trouve mieux ainsi. Cette image de Ladyboy est complète dès l'annonce de sa bisexualité. "l'image et la vie hétéro sont bien trop restrictives". C'est vrai, il ne faut pas enfermer le garçon dans des petites cases, il ne le supporte pas et aime
plus que tout la liberté.
L'ambivalence faussement mystérieuse du sieur Molko, mêlée à son hédonisme plaît aux fans et les attire : clones en jupettes noires, jeunes fille amoureuses un peu rebelles. Tous s'accordent à dire que le leader du groupe est un sex symbol. Ses grands yeux clairs traversent même le papier glacé des photos en N&B et pénètrent votre âme.
En plus des tee Shirts à message un peu tapageurs ("Teenage wife", "I'm evil", "Cut Here" autour du cou orné de pointillé.) Sur scène, il fascine sa cigarette fumée de façon lascive (Marlboro light ou Camel light) et sa main qui sautille allègrement sur une guitare. Ce qui séduit chez Brian, c'est aussi son français, enjolivé par un léger accent qui fait légendairement craquer les filles. Il s'en sert comme d'une arme tranchante et envoûtante.
De cette voix un peu nasillarde ( qu'il qualifie lui même de Mickey Mouse) sortent des paroles épicées , reprises et parfois détournées par la presse. Il est franc, honnête, trop peut être. Le puritanisme anglo saxon a parfois peur de la vérité et Brian en a fait les frais. Il joue les Marylin Manson en lançant que la mauvaise presse, c'est quand il n'y a pas de presse du tout. Il aime être libre de ne pas mentir, et explorer à loisir les différentes facettes de sa personnalité, ce qui fait de lui un hybride entre Madonna et David Bowie. Il se renouvelle, il mue, tel un Ziggy Stardust devenu Thin White Duke.
Il joue d'ailleurs le rôle d'un chanteur de glam dans le film Velvet Goldmine : Malcom, leader des Flamming
Creatures, reprenant Bittersweet de Roxy music, en live, dans un pub. Le personnage de Molko séduit autant par son ironie tranchante, sa grande gueule, son côté
chaton un peu pénible. On se prend d'affection pour ce petit être solitaire, désiré, à la fois sexy, sensuel , sexuel même. Il annonce qu'il pense avoir été, dans une autre vie, une prostituée parisienne de luxe au 18ème siècle et qu'il imagine devenir
plus tard un cafard.
Il lui est arrivé de défiler en tant que mannequin pour Gucci, Calvin Klein ou encore Agnès B. Il dit ne pas croire à "son mythe", mais aime errer avec panache et décadence face aux médias, au public, exhibant avec humour ou non, son
ego transpirant dans son attitude suffisante. Devenu icône du rock, l'un des seuls représentants du rock grimé, il n'en reste pas moins une victime.
Son rôle de vilain petit canard excentré devenu excentrique est envié par les jeunes en quête d'identité et de modèle. Cet enfant gâté mais incompris, inadapté à la vie que lui offrait le destin avant Placebo, est le représentant d'une jeunesse qui aime le rock et qui veut se sortir d'une fatalité étriquée. Brian est un être spontané qui se débat comme il peut avec ses sentiments et en fait profiter toute une génération. Malgré un côté un peu
"people", il parle bien de la tendresse, des sentiments. En secret, et bien qu'il ne soit pas superstitieux, il a toujours sur lui un dessin que lui a fait son neveu.
La 3ème semaine de juillet 1999, la rumeur du décès de Brian court un peu partout. Un accident de moto sur le routes d'Italie aurait emporté l'âme de la
rock star. Une fois de plus victime des médias, Brian dément rapidement. On a encore parlé de Placebo. De Placebo, mais pas de la musique de placebo, comme souvent. Le chanteur
théâtrale fait saigner son cœur dans ses textes , en fait, beaucoup face aux médias, joue avec eux et s'en amuse, devant le regard
pailleté de fans émerveillés.
"Story Placebo" , Rock Mag 2002.